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Catégories : Si Bolbec m'était conté

Sur la maison, situé au 4 de la rue Guillet, se trouve une plaque qui a été apposée le 14 juillet 1881 sur laquelle on peut lire « Dans cette maison est né le 4 septembre 1771 François Amable RUFFIN parti à l’appel de la patrie en danger en 1792 à la tête des volontaires bolbécais, mort général de division le 15 mai 1811. » La  maison initiale sur laquelle cette plaque avait été placée, a malheureusement été détruite et une nouvelle plaque a été apposée le 11 septembre 1921 sur la façade du 4 de la même rue, au dessus de la plaque d’origine. «  A la mémoire de François Amable RUFFIN général de division, commandeur de la Légion d’honneur, Chevalier de l’Ordre Royal de Saint Henri de Saxe, né à Bolbec le 4 septembre 1771, mort le 15 mai 1811. La Ville de Bolbec a fait apposer cette plaque commémorative le 11 septembre 1921 pour perpétuer la mémoire de son glorieux enfant. » On notera toutefois la double erreur de date : Ruffin est né le 31 août et non le 4 septembre comme indiqué sur les deux plaques.

François Amable Ruffin, général de division dans l’armée de l’Empire, Commandeur de la Légion d’honneur, Chevalier de l’ordre royal et militaire de Saxe, naquit à Bolbec le 31 août 1771. Sa famille était une des plus anciennes et des plus respectables de cette ville. Son père, Jacques Dominique Ruffin, aubergiste, fut un fervent révolutionnaire très actif à Bolbec où son dévouement pour le bien public lui valut le poste de maire de la ville.  En 1792, à l’âge de 21 ans, dans toute la fougue de sa jeunesse, son fils, au moment où la patrie est en danger, s’élança pour la secourir à la tête d’une centaine de jeunes volontaires de nos premières familles de Bolbec qui le nommèrent leur capitaine. Aussitôt arrivé à Rouen, il reçut le grade de commandant du 7e bataillon de la Seine-Inférieure, le 20 septembre 1792. Peu de mois après, le 8 septembre 1793, comme aide de camp du général Jourdan, il courut de grands dangers à la reprise d’Hondschoote qui assura le salut de Dunkerque, et eut la gloire de contribuer à délivrer notre territoire du duc d’York et des Anglais. Ruffin remplit les fonctions d’aide de camp depuis le 19 août 1793 jusqu’au 16 pluviôse an II où il reprit le commandement de son bataillon. Il passa de nouveau aide de camp chef de bataillon du général Jourdan le 10 thermidor an III jusqu’au 1er vendémiaire an VII, aide de camp du général de division Ney, époque à laquelle il fut promu au grade d’adjudant général. Il a été employé alternativement aux armées du Danube et du Rhin et dans la XVe division militaire qu’il quitta pour passer à l’armée du camp de Saint Omer.

Nommé général de brigade après la bataille de Fleurus, le 26 juin 1794, Ruffin refusa ce grade auquel il fut bientôt appelé à nouveau par le général Moreau, sur le champ de bataille de Hohenlinden. Notre compatriote a suivi  une marche si rapide dans le chemin de la gloire qu’il faut, pour ne pas le perdre de vue, courir sur tous les lieux où il y avait des batailles à donner, des ennemis à renverser. C’est ainsi qu’on l’a vu successivement à : Grosglogau le 3 décembre 1806, Neisse le 30 mai 180, Strehen le 24 décembre 1806, Heilsberth le 9 juin 180, Pultusk le 26 décembre 1806, Friedland le 14 juin 180, Breslau le 4 janvier 1807, Brieg le 16 juin 1807, Allenstrein le 4 février 1870, Kosel le 18 juin 1807, Eylau le 6 février 1807,Glaz le 28 juin 1807, Shweidnitz le 6 février 1807, Stralsund le 20 août 1807, Ostrolenska le 16 février 1807, Rugen le 8 septembre 1807. Certaines de ces batailles furent le lieu de ses exploits.

Dans Ostrolenska, Ruffin  chargé de garder avec sa brigade cette petite ville ouverte sur la Narew, y fut attaqué par des forces huit fois plus considérables, mais tel que l’éclair, il se précipite sur l’ennemi, le repousse, le renverse, le culbute, jonche la plaine de blessés et de morts, prends les canons, fait des prisonniers, disperse au loin les débris de cette armée et, sans cavalerie pour les poursuivre, les réduit à une honteuse fuite. Sous les murs de Dantzig, il combat  et chasse les Russes qui cherchaient à ravitailler la place. A Eylau, il combat en présence de cent bouches à feu qui vomissaient partout la mort. A Friedland, et c’est ici le général qui parle, « après avoir marché un jour et deux nuits, je reçus l’ordre de m’emparer de Friedland, qu’on ne croyait pas  occupé en force ; à peine eus-je tiré les premiers coups que l’ennemi déploya 30 000 hommes et montra 20 pièces de canon dont le feu rapide et continuel eut bientôt démonté les nôtres ; alors, avec 1800 hommes d’infanterie et autant de cavalerie, je résistai, pendant deux heures,  aux efforts et à la furie des ennemis, sans perdre un pouce de terrain. Des renforts étant arrivés de part et d’autre, une affaire générale s’engagea et continua jusqu’à onze heures du soir où, maîtresses du champ de bataille, nos troupes purent reprendre haleine et goûter un peu de repos. »

Le lendemain de cette victoire, le duc de Montebello qui commandait la revue, dit à l’empereur : « Sire, je vous présente le général Ruffin comme un de vos plus vaillants généraux, à Friedland, il s’est battu comme un lion et s’est couvert de gloire. » Les titres de comte de l’Empire et de général de division furent la conséquence de cette présentation et de ce brillant rapport.

Ruffin apprit à Dantzick, le 24 novembre 1807, sa promotion au grade de général de division. Avant de se rendre en Espagne, où l’appelèrent bientôt les ordres de l’Empereur, avant de moissonner de nouveaux lauriers sur cette terre qui fut longtemps le tombeau des Français, le général, couvert de gloire, vint à Bolbec, au milieu de sa famille et de ses nombreux amis. L’Empereur Napoléon considérait tellement notre brave Ruffin qu’il lui délivra un bon de 10 000 francs sur sa caisse particulière pour les frais de son voyage. Entré en Espagne, le général atteint à Espinosa l’armée la plus formidable de cette nation et dans laquelle la junte mettait son plus grand espoir. Il l’attaque, elle est vaincue. Il lui prend 18 canons et la disperse entièrement en quelques heures. Il force ensuite le passage de la SomoSierra et, sous les yeux de l’Empereur, enlève les retranchements qui, élevés sur le sommet aride du rocher, entassés et tassés presqu’à pic, défendaient l’entrée de Madrid et semblaient suspendus dans les airs. La suite de ce combat fut le siège de la capitale de l’Espagne ; elle fut attaquée, résista quelques heures et, dès le  lendemain, la brèche étant ouverte, le général Ruffin entra l’un des premiers, prit quelques canons et planta sur les remparts l’aigle triomphant.

Le général Ruffin se couvrit aussi de gloire à la journée de Médalin qui vit détruire en un instant l’armée entière d’Estramadure, ainsi qu’à la bataille de Talaveyra, qui fut si funeste aux Anglais. Enfin, arrivé devant Cadix, au moment où il venait, avec 3 000 hommes de rencontrer, d’attaquer et de vaincre 8 000 Espagnols, il aperçoit une masse d’Anglais en réserve ; il part alors comme un trait et, à quarante pas des siens et vingt-cinq des ennemis, les attaque seul, en criant avec force : « En avant camarades, la victoire est à nous ! » Mais c’est là le terme de sa carrière ; atteint d’un biscaïen, il tomba entre les mains des Anglais dans la plaine de Chiclana.

Des soins lui furent prodigués et il entrait en convalescence lorsqu’on l’embarqua pour l’Angleterre ; ses blessures s’étant rouvertes sur le bâtiment, il expira dans la traversée et fut reçu à Portsmouth, le 18 mai 1811, avec tous les honneurs dus à son rang. Le 4 novembre 1845, le rapatriement des cendres du général bolbécais RUFFIN dans sa ville natale suscita un engouement formidable. Partout à Bolbec, les maisons se pavoisent des couleurs nationales ; l’industrie fait trêve à ses travaux ; les ouvriers en habits de fête, s’épandent dans les rues ; les populations voisines affluent de toutes parts. Le tambour bat, la trompette sonne, et la Garde nationale, morte tout à l’heure ressuscite soudain. Précédé d’un détachement de gendarmerie à cheval, des tambours et de la musique de la Garde nationale, escorté par les compagnies de sapeurs-pompiers, de grenadiers et de voltigeurs, le cortège se rend ainsi à l’entrée de la ville .Une foule innombrable l’accompagne pendant tout le parcours. Le clergé suit à distance, chantant la liturgie.

Après l’office religieux, le général RUFFIN fut inhumé dans le caveau familial au cimetière de Bolbec. Le 6 octobre 1927 son cercueil était transféré dans le cimetière militaire au pied du monument aux morts de la guerre de 1914-1918. En 1845 une suscription avait été lancée pour élever un monument à la gloire du général RUFFIN. Le roi Louis Philippe avait souscrit pour 500 francs. Le sculpteur Louis ROCHET proposait de réaliser une statue en bronze estimée à 6000 francs. Faute de fonds suffisants, le projet fut abandonné.

Le nom du général RUFFIN est inscrit sur le pilier Ouest de l’Arc de Triomphe de Paris, celui consacré à l’Armée des Pyrénées.

A l’angle de la rue de Crosne et de la rue Fontenelle  à Rouen, on peut admirer une curieuse et belle maison de style XVIIIe siècle. Les façades sont ornées de riches décorations parmi lesquelles des médaillons en pierre intriguent : ce  sont des bustes d’illustres Seinomarins et Ruffin y est représenté avec Fontenelle, Boieldieu, Géricault, Abraham Duquesne et Thiroux de Crosne. Un bel hommage  à notre général bolbécais !!!