L’église Saint-Michel
Tournée vers la place Charles de Gaulle et la rue de la République, l’église Saint-Michel semble surveiller la ville. De sa façade lisse et blanche, perchée sur son promontoire, elle se hisse en haut du centre de Bolbec. Sur ses faces latérales, les murs de briques rouges caractéristiques du XIXe siècle rappellent que cet édifice long de 54 mètres, haut de 42 mètres et large de 25 mètres, reste attaché à une histoire récente. L’ensemble de sa construction remonte en réalité au XVIIIe siècle pour des raisons étroitement liées à l’histoire de Bolbec.
Les églises de Bolbec en proie aux incendies
En 1080, une église se trouve à l’emplacement de l’édifice actuel. Elle est, déjà, liée à Saint-Michel, patron des Gaules et, surtout, de la Normandie. L’église est possédée par l’abbaye de Bernay. Les moines construisent alors un prieuré pour installer des religieux, qui resteront jusqu’au XVIe siècle, dans l’actuelle rue Victor Hugo, au plus près du lieu de culte.
Le 31 mai 1583, la ville est ravagée par un incendie. L’église n’y échappe pas. Détruite, les Bolbécais la reconstruisent. Le 25 juin 1676 un nouvel incendie inonde la place du Marché. Sur les 1000 habitations de Bolbec, seules 80 à 100 restent intactes. La tour de l’église tombe, les cloches se brisent ou fondent. Il ne reste rien de la nef, du chœur et des chapelles. Après un troisième incendie le 14 juillet 1765, qui ravage plus de 860 habitations, l’église, dont il ne reste plus que les murs, n’est pas reconstruite immédiatement. Les fidèles célèbrent alors les offices religieux à l’église du Val-aux-Grès.
Une reconstruction mouvementée
L’église, telle qu’elle est aujourd’hui, débute sa construction en 1774 sur les plans de l’architecte parisien Pierre Patte. La première pierre est posée le 25 avril 1774 par le duc et la duchesse de Charost.
En 1780, une cloche est fournie par un fondeur rouennais, trois autres le sont par un fondeur d’Aumale. Elles sont bénies le 15 février 1781, peu avant l’inauguration de l’église le 24 février de la même année. Mais les cloches ne restent pas en place très longtemps.
La révolution éclate et fait annuler la sculpture des armoiries du duc de Charost sur le porche de l’église. En 1794, des révolutionnaires saccagent l’intérieur du lieu de culte et emportent les cloches, probablement pour les fondre en canons. Il faut attendre 1822 pour entendre de nouveau leur carillon. Quatre nouvelles cloches sont fournies, dont une, plus tard fêlée, sera remplacée en 1938.
Un trésor d’une qualité exceptionnelle
Pourtant la révolution profite aussi à la commune, qui profite de la vente des biens du clergé pour récupérer une pièce d’exception : un orgue. Construit pour une église de Rouen en 1630, Bolbec le récupère en 1792. Modifié tout au long du XVIIIe siècle, il n’en reste pas moins un orgue représentatif du début du XVIIe siècle. Ayant parcouru les modes musicales, il dispose d’une grande variété de jeux, de registres, permettant de faire revivre les répertoires des XVIe et XVIIe siècles, ce qui joue dans sa renommée internationale et dans son classement au titre de monument historique en 1992.
Toujours intact, son âge de 394 ans ne limite pas ses capacités et, sa musique continuant à enchanter le public, il attire encore et régulièrement de nombreux organistes reconnus.
Panorama du monument et de ses changements
L’église compose une croix latine aux dimensions colossales. Dotée de cinq chapelles, elle en compte deux de chaque côté du portail d’entrée, deux latéralement et une derrière le maître-autel.
Le mobilier, quant à lui, est conservé depuis plusieurs siècles. La chaire provient par exemple du XVIIIe siècle. Le retable de la chapelle de la Sainte Vierge, modifié au XVIIIe siècle, date du XVIIe siècle et est issu de l’abbaye de Saint-Wandrille.
Avec plus d’une soixantaine de statues et de vitraux au total, c’est une véritable collection qui s’offre au visiteur mais c’est également un ensemble à entretenir pour la Ville. Récemment, par exemple, en 2023, le vitrail présentant la procession au Mont-Saint-Michel ornant l’autel Saint-Michel est protégé et restauré, dévoilant la grande animation, le grand soin, qui subsiste autour de cet édifice religieux chargé d’histoire.