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La chapelle Sainte-Anne : un précieux patrimoine

Loin des lieux de culte, de l’église Saint-Michel comme du Temple protestant, siège une chapelle. Au croisement des rues Vieillot, Charles Lesourd et Fauquet-Fichet, sa distance par rapport au centre s’explique par sa proximité avec la friche Desgenétais, autrefois l’usine Desgenétais.

Une chapelle servant d’hommage

En effet, c’est sous l’impulsion de Louis Desgenétais, propriétaire du complexe industriel durant la seconde moitié du XIXe siècle, que la chapelle voit le jour. Il souhaite l’édifier en hommage à ses parents, Auguste et Agnès. En 1896, il alloue donc un terrain nécessaire à sa construction.

Mais en 1900, la femme de l’industriel, Anna, décède, ce qui le pousse à renforcer la fonction mémorielle de la chapelle en la consacrant à Sainte Anne. La patronne qui, par son nom, rappelle l’épouse, est aussi la patronne assurant sa protection à certains métiers manuels, surtout féminins. Elle constitue alors un double hommage, d’une part à la femme de Louis Desgenétais, d’une autre aux ouvrières travaillant dans son usine.

Le 26 juillet 1902, la première pierre est posée et le 26 juillet 1904, une cérémonie de bénédiction l’inaugure. La chapelle Sainte-Anne, capable d’accueillir 300 personnes, construite dans un style byzantin et roman, oscillant cependant entre modernité et touches décoratives finement réparties, est l’ouvrage de nombreux artisans bolbécais et seinomarins et de l’architecte Edmond Navarre, qui, sans le savoir, n’a pas seulement donné naissance à une chapelle mais aussi à une église.

Une chapelle et une église similaires

En 1911, à 11 000 km de Bolbec, dans la province de Cordoba, en Argentine, Lucas Allende Posse fonde une ville nommée Justiniano Posse, en l’honneur de son grand-père, gouverneur de la province 48 ans auparavant. Le prêtre d’alors vient d’une ville voisine surtout pour célébrer l’eucharistie soit dans un hangar de chemins de fer, soit chez l’un des fidèles. Pour plus de commodité, une petite chapelle est construite mais la communauté grandit et nécessite un lieu plus approprié.

C’est en 1934 qu’un habitant originaire de Belgique montre la photo d’une chapelle normande et que l’idée de la reproduire voit le jour. Les travaux sont mis à exécution et, en 1938, la ville de Justiniano Posse inaugure une église à la façade identique à celle de Bolbec et au style similaire ; un drôle d’effet du hasard qui a dédoublé jusqu’aux inscriptions du fronton. À partir d’une simple photographie, la chapelle Sainte-Anne s’est dupliquée en une église dédiée à la vierge Marie.

Les fresques et des vitraux remis à neuf

Néanmoins, l’église et la chapelle varient dans leurs intérieurs. Les fresques de Paul Baudoüin, ornant les murs de l’édifice, montrent un calendrier liturgique, les fêtes annuelles célébrées par l’Eglise.

Les vitraux, présentant auparavant des alvéoles de formes sans posséder d’illustration, ont récemment été modifiés. La chapelle ayant été acquise par la Ville en 1999, c’est Bolbec qui s’est chargé de la restauration en embauchant le maître verrier Didier Bourdeau. En 2023, il conçoit des vitraux qui retracent l’histoire industrielle, architecturale et culturelle de la commune et les dévoile au grand public dès mai 2024, renouvelant la fascination pour le patrimoine bolbécais ou le faisant découvrir.